Une approche multilatérale pour la Méditerranée
Une plateforme nous permettant d’écouter les perspectives de voisins partageant une réalité similaire est un terrain fertile pour des solutions durables.
Récemment, j’ai eu l’occasion de participer à la réunion ministérielle des pays méditerranéens de l’Union européenne (UE-MED) à Athènes.
La réunion, accueillie par la Grèce, a réuni les ministres des affaires étrangères et européennes des sept pays du Sud de l’Europe, à savoir Chypre, la France, l’Italie, la Grèce, l’Espagne, Malte et le Portugal, qui assure la présidence de l’UE jusqu’à la fin du mois.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a également pris la parole lors de la réunion.
Les sujets abordés étaient vastes, allant des leçons tirées sur la mobilité et le tourisme en relation avec la pandémie de COVID-19 et le redressement de l’UE, aux défis de la migration. L’urgence de s’attaquer à la dégradation de l’environnement en Méditerranée a été inévitablement discutée, de même que la situation en Méditerranée orientale et les prochaines étapes du renforcement du voisinage sud.
Le partage d’une compréhension commune sur des thèmes aussi sensibles est essentiel avant la réunion du Conseil européen qui se tiendra à la fin du mois et le sommet UE-MED en format des dirigeants qui est prévu pour septembre en Crète.
En réunissant les voisins de la région, incentive Malte un groupement minilatéral tel que l’UE-MED remplit une fonction politique et diplomatique importante. Compte tenu des défis partagés par toutes les parties, le groupement offre la possibilité de concerter les efforts et de présenter un front commun au sein du conseil. Cela est particulièrement utile pour les plus petits des États membres, comme Malte.
Les groupements minilatéraux sont généralement constitués de groupes de trois États membres de l’UE ou plus, qui sont organisés sur le plan régional ou fonctionnel et cherchent à influencer la formulation des politiques de l’UE.
Ce type de groupements vise à créer une stratégie de plaidoyer commune pour aborder les questions qui ont une importance vitale pour eux. Ceux qui connaissent bien la politique européenne et la bulle bruxelloise ont certainement rencontré le Benelux, les six pays nordiques et baltes, le groupe de Visegrád et le triangle de Weimar.
Certains sont plus structurés, d’autres le sont moins, tandis que notre groupement est confronté à la perspective d’un élargissement à la Croatie et à la Slovénie.
La paix, la stabilité et notre bien-être ne sont pas le fruit du hasard, mais d’une volonté. Cela est d’autant plus vrai dans le voisinage méditerranéen, creuset historique et culturel.
Bien que nos pays soient confrontés à des défis communs, nous ne sommes en aucun cas homogènes. Des défis tels que l’impact des migrations, le changement climatique et la sécurité sont abordés sous des angles différents, avec un impact tout aussi diversifié. Dans le cas des migrations, nous sommes tous en première ligne, mais le fait de s’attaquer à une route terrestre peut, par exemple, conduire à une augmentation du flux maritime, ce qui entraîne souvent davantage de pertes de vies humaines.
Dans ce contexte, la conférence UE-MED a fourni la plate-forme idéale pour définir une position commune sur le nouveau pacte sur les migrations récemment proposé par la Commission, en soulignant les défis uniques liés à la route de la Méditerranée centrale – une frontière maritime – qui rendent les éléments de la proposition irréalisables.
L’impact du changement climatique sur notre région est profond. Les experts qui se sont exprimés lors des réunions d’Athènes ont évoqué la perspective d’une probabilité accrue de voir apparaître d’énormes populations de méduses dans toute la Méditerranée et les graves conséquences que cela aurait sur le tourisme et le mode de vie des Méditerranéens.
Sans changement significatif, l’augmentation des sécheresses sera préjudiciable aux approvisionnements alimentaires, à leur qualité et à leur prix.
Selon toute vraisemblance, ces sécheresses amplifieront le phénomène migratoire de manière extraordinaire.
Malgré les outils dont elle dispose, l’influence géopolitique de l’Europe a été faible, laissant de nombreux vides dans la région qui ont été comblés par d’autres.
La coopération et un effort concerté pour une stratégie de plaidoyer commune entre les Européens de la Méditerranée sont indispensables pour trouver des solutions durables pour les générations actuelles et futures dans la région méditerranéenne et au-delà. Le succès ne dépend pas seulement d’un message commun, mais aussi d’une écoute collective, car il y a beaucoup à apprendre des perspectives des autres.
